Misez sur le développement de la mobilité durable

Mobilité

Misez sur le développement de transports publics de qualité, y compris l'achèvement rapide du RER

Notre système de mobilité est confronté à une transition majeure. Non seulement parce que cela doit être fait, mais aussi parce que cela peut être fait. Dans notre pays, le transport est responsable de 22,4% des gaz à effet de serre (EEE, 2019). Les transports publics jouent un rôle extrêmement important dans cette transition.  Sans des transports publics efficaces et bien pensés, qui peuvent servir d'épine dorsale du système, cette transition nécessaire ne peut avoir lieu.

Une combinaison de liaisons rapides de transports publics longue distance avec des lignes d'alimentation supplémentaires est nécessaire. Cette épine dorsale peut être alimentée par les différents nouveaux concepts. Une bonne complémentarité avec les modes actifs (vélo, marche, micromobilité) peut accroître la pertinence des transports publics. Il serait possible de les encourager encore plus si les gens pouvaient facilement changer de véhicule par le biais de parkings de transit et y étaient encouragés par la politique de tarification.

De Lijn et la SNCB sont en mode d'épargne depuis quelques années (-13% du budget, étude TML, 2019), ce qui engendre une baisse du taux de satisfaction. La Région de Bruxelles-Capitale montre qu'il est possible de faire les choses différemment, avec des investissements supplémentaires dans la STIB et les infrastructures cyclables. Les recherches montrent que ces investissements vont de pair avec une réduction de l'utilisation de la voiture et même une diminution du nombre de propriétaires de voitures. La partie du Réseau Express Régional (RER) qui a été déployée montre également qu'un transport ferroviaire efficace, confortable et fréquent est possible et attire les voyageurs.

Les investissements dans les réseaux et services de transports publics devraient viser à doubler le nombre de passagers d'ici à 2030 et anticiper une éventuelle poursuite de cette tendance au-delà de 2030. Une série d'actions peuvent y contribuer :

  • À court terme, ayez une vision claire et intégrée du développement futur des transports publics en combinaison avec les nouveaux services de mobilité (véhicules partagés, partage de trajets) et les nouveaux modes de transport (trottinettes électriques, vélos électriques, etc.).
  • Investissez dans les transports publics. L'analyse coûts-avantages de nombreux projets de transports publics est positive. Autrement dit, même une petite amélioration de l'offre se traduira par un plus grand nombre de clients. La construction de lignes de tram en Allemagne et à l'étranger se traduit toujours par une forte augmentation du nombre de passagers et permet aux centres-villes de prospérer à nouveau. Ce faisant, réduisez les frais généraux inutiles pour les entreprises de transport.
  • Développez le rôle structurant du rail en assurant une fréquence suffisante des trains sur toutes les lignes. Tâchez de faire circuler au moins un train par demi-heure sur toutes les lignes pendant la semaine, et au moins un train par heure le week-end.
  • Prévoyez un plan d'investissement et une vision pour le développement futur des transports urbains et régionaux. Des éléments importants à cet égard sont la « tramification » de couloirs de bus très fréquentés, un certain nombre de nouvelles lignes de tram, le prolongement de lignes de tram et de nouvelles lignes de tram express le long d'autoroutes encombrées. Il est souhaitable de connecter les nouvelles lignes au réseau existant dans des nœuds de grande qualité.
  • Prévoyez une offre plus étoffée de transports urbains et régionaux. Augmentez les fréquences jusqu'à 7,5 minutes au moins sur les lignes de tram et de bus très fréquentées et jusqu'à 10 minutes sur les autres. Développez des réseaux de nuit, dans et autour des villes. Compensez les correspondances ferroviaires manquantes à l'aide de nouvelles lignes de bus express.
  • Développez davantage de lignes de bus express entre les centres des zones suburbaines et rurales afin d'offrir un service efficace et attrayant.
  • Assurez la fluidité des trams et des bus et, dans un délai de cinq ans, atteignez les vitesses souhaitées par le décret flamand sur la gestion du réseau. La fluidité de la circulation augmentera la fiabilité des transports publics, ce qui signifie qu'un plus grand nombre de personnes les utiliseront. En outre, la fluidité de la circulation permet d'économiser de l'argent et de générer davantage de revenus, car un plus grand nombre de clients utilisent les transports publics.
  • Garantissez un tarif intégré entre les différents opérateurs de transports publics.
  • Alignez mieux les transports publics sur les autres modes de transport durables. Facilitez les liaisons avec les modes actifs (marche, vélo, micromobilité) Veillez à ce que les transports publics soient inclus dans les plates-formes MaaS (Mobility as a Service). Prévoyez également davantage de connexions entre toutes les formes de transport durable en créant des Points Mob, où les différents modes de transport convergent. Il sera ainsi possible, dans une gare, de prendre facilement des bus, tramways, vélos (électriques) partagés ou voitures électriques partagées. Assurez l'accessibilité de ces nœuds pour les personnes à mobilité réduite (personnes âgées, personnes en fauteuil roulant, aveugles et malvoyants), afin qu'elles puissent elles aussi atteindre les nœuds confortablement et en toute sécurité, et puissent utiliser facilement les installations de transfert.
  • Utilisez le réseau de transports publics comme épine dorsale pour construire de nouveaux logements, magasins ou bureaux. En construisant à proximité des nœuds de transports publics, on offre une alternative à la circulation automobile qui ne cesse d'augmenter. Le Livre blanc Plan stratégique d’aménagement pour la Flandre le prévoit. Les plans de mobilité des régions doivent également partir de cet objectif.
  • Le Réseau Express Régional autour de Bruxelles revêt une importance stratégique cruciale. Un certain nombre de sous-projets sont maintenant terminés, mais dans la partie francophone du pays, par exemple, on observe encore un retard important. Une coopération optimale entre les niveaux politiques devrait permettre de développer des transports publics performants vers la capitale.

Investir dans les transports publics contribuera non seulement à améliorer la qualité de vie et la qualité de l'environnement, mais aussi à renforcer la justice sociale.

Investissez dans un réseau de trains internationaux (de nuit) abordables

Si nous voulons freiner le trafic aérien, en particulier sur des distances plus courtes, il faut une alternative forte par le biais du rail. Les trains ne peuvent plus être bien plus chers que les avions. Les trains à grande vitesse ont également un impact écologique. Par conséquent, nous avons tout autant besoin de trains internationaux « ordinaires » en nombre suffisant, et de préférence des trains de nuit. Les recettes provenant des nouvelles mesures fiscales sur le trafic aérien peuvent être affectées au trafic ferroviaire.

Le train de nuit suscite un regain d'intérêt dans plusieurs pays européens. La Belgique est l'un des rares pays européens (avec les Pays-Bas) qui ne propose plus de service de train de nuit. C'est le bon moment pour réintroduire ce moyen de transport efficace entre la Belgique et ses pays voisins.

Nous devrions, du moins en Europe, rapidement renforcer les alternatives au transport aérien. Dans de nombreux cas, le train est la meilleure alternative, mais il doit devenir plus attractif qu'il ne l'est aujourd'hui. Il n'est pas souhaitable d'essayer de rendre les trains aussi bon marché que les vols beaucoup trop bon marché, mais il doit devenir nettement plus attrayant de prendre le train. Les investissements prendront un certain temps, mais l’effet devrait clairement se faire sentir d’ici dix ans.

Investir dans le trafic ferroviaire s'inscrit dans le cadre d'une stratégie coordonnée de transition équitable, afin que les personnes qui travaillent actuellement dans l'aviation puissent passer au rail.

Adaptez l'ensemble de la Belgique aux cyclistes d'ici 2030, en généralisant des infrastructures sûres pour les cyclistes dans les villes et communes et en développant des liaisons appropriées et sûres entre les villes et communes

 Veillez à ce que tous les niveaux politiques, par le biais d'une politique proactive, encouragent et soutiennent les modes de transport actifs (marche, vélo, micro-mobilité, etc.) sur l'ensemble du territoire belge, notamment par le financement et la construction d'infrastructures appropriées et de pistes cyclables sûres et d'un espace public équilibré qui soutient ces modes actifs.

Il sera nécessaire pour cela de former les décideurs techniques responsables de la conception des routes et des infrastructures à la prise en compte systématique du vélo et des autres modes doux. La coopération avec les communes dans le domaine de la politique cycliste doit être développée davantage. Et il faut miser sur la complémentarité avec les transports publics (places de stationnement suffisantes, accès sécurisés aux nœuds de transports publics, possibilité d'emporter son vélo avec soi dans le train, etc.)

L'utilisation du vélo et d'autres modes actifs présente un potentiel de développement important en Belgique. Dans certaines régions du pays, l'utilisation est encore très faible, alors que nous constatons que lorsqu'une politique d'incitations adéquates est mise en place, l'utilisation augmente fortement. Des villes comme Bruxelles, Gand et Liège ont vu leur nombre de cyclistes augmenter fortement ces dernières années, ce qui peut encore s’améliorer.

La combinaison d'un certain nombre de moyens de transport actifs pour un même trajet (par exemple, se rendre à vélo à la gare pour monter à bord du train) permet d'effectuer un éventail de trajets beaucoup plus large que chacun des modes de transport pris séparément. Il y a un effet de renforcement mutuel. De nouvelles formes de micro-mobilité, d'électrification et de modèles de partage augmentent encore ce potentiel.

Les communes ont une responsabilité politique importante et doivent être soutenues car elles jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre de services efficaces sur leur territoire. Les centres urbains offrent les meilleures opportunités en termes de potentiel de développement des modes de transport actifs, mais les zones périurbaines y jouent également un rôle.

Le développement de la mobilité active apporte - en plus de la réduction de la pollution - des bénéfices importants en termes de santé et de qualité de vie.

Encouragez les systèmes de partage et l'intégration des services de mobilité (MAAS)

La mobilité en tant que service (MaaS) propose une juxtaposition de modes de transport différents, qui sont actuellement utilisés de manière très fragmentée. Pour chaque moyen de transport, vous devez suivre une procédure d'enregistrement distincte, souscrire un abonnement distinct et détenir différents billets ou télécharger des applications mobiles (« apps »). MaaS essaie de combiner toutes ces choses dans une seule app. MaaS propose une plate-forme en plus des opérateurs pour offrir différents modes de transport groupés au client. MaaS jouera un rôle de plus en plus important à l'avenir et a le potentiel de générer un shift modal. MaaS abaisse le seuil d'utilisation plus fréquente d’autres modes de transport. Il est important que les autorités veillent à ce que les plates-formes MaaS soient également axées sur des objectifs sociaux. Si les autorités laissent ce soin aux acteurs du marché, il n'y aura pas de débat public sur les priorités et les modalités de ces plateformes de mobilité.

Afin de libérer ce potentiel, les mesures politiques suivantes sont nécessaires :

  • L'épine dorsale de toute plate-forme MaaS est le transport public. Investissez dès lors massivement dans l'offre sous-jacente de transports publics durables, sans émissions et de qualité au niveau fédéral, régional et local.
  • Assurez-vous que vous disposez d'un choix suffisamment large de modes de transport doux, tels que les vélos partagés. Intégrez le réseau dense de voies lentes dans ces systèmes, ainsi que la capacité d’effectuer certains trajets à pied.
  • Créez une politique régionale et nationale sur la connectivité des fournisseurs de transport. Dans l'intérêt des fournisseurs et des clients de MaaS.
  • Analysez la manière dont nouveaux flux financiers peuvent naître dans un paysage des transports en mutation. Créez un nouvel équilibre pour partager les bénéfices et les charges, pour une offre de transport de haute qualité et durable en Belgique. Veillez à ce que les entreprises de transports publics ne se retrouvent pas seules à gérer les lignes non rentables.
  • Rassemblez différentes fonctions de mobilité dans les « Points Mob ». MaaS n'existe pas seulement en ligne. Les Points Mob sont une version hors ligne. Connectez l'offre en ligne et hors ligne en fonction d'une solution globale pour l'utilisateur final.
  • Misez sur l'inclusion par le biais de systèmes de tiers payant et de projets pilotes. MaaS aura ainsi le potentiel d'atteindre un groupe cible très large.
  • Réduisez le régime fiscal favorable aux voitures de société en tant que levier de MaaS pour les déplacements domicile-travail et les déplacements professionnels.
  • Effectuez une analyse coûts-avantages sociaux pour MaaS (traitant des avantages suivants : inclusion, optimisation des infrastructures et des capacités existantes, amélioration de la sécurité routière, réduction des embouteillages et de la pollution, et villes plus vivables et accessibles).

Misez fortement sur la voiture partagée
La voiture partagée constitue un maillon essentiel d’un mix de mobilité durable. C'est une alternative viable à votre propre voiture, dans laquelle l'utilisation par réflexe de la voiture fait place à un choix rationnel de différentes alternatives de mobilité. La voiture partagée offre plus de mobilité (flexible) avec moins de voitures.

  • Veillez à ce que 80% des Belges soient familiarisés avec le concept de voiture partagée d'ici 2020. Cela peut se faire par l'organisation ou l'externalisation de campagnes promotionnelles générales. La répétition par différents canaux est essentielle. La voiture partagée à grande échelle exige un changement de mentalité de la part de la population, à savoir l'abandon de l'idée que la propriété privée d'une voiture est nécessaire.
  • Facilitez une garantie d'achat via les autorités locales. Actuellement, il est difficile de convaincre les entreprises de voitures partagées de créer des offres dans des zones moins urbanisées ou dans des quartiers urbains commercialement moins intéressants. La région doit subventionner les autorités locales pour qu'elles puissent, par exemple, accorder une garantie d'achat (dégressive) de deux ans aux entreprises de voitures partagées, leur donnant suffisamment de temps pour en faire une activité économique rentable.
  • Mettez sur pied des espaces d’expérimentation. La voiture partagée a un énorme potentiel pour atteindre différents groupes cibles et offrir une solution dans différentes situations. Mais il est nécessaire de disposer d'un espace d'expérimentation (financier) pour miser sur la voiture partagée pour les personnes à faible revenu, les personnes à mobilité réduite, etc. En outre, il est possible d'innover en partageant des véhicules communaux et de société ou en combinant la voiture partagée avec des services de taxi. Il est impératif de stimuler l'innovation.
  • La voiture partagée est essentielle dans MaaS : il y a de plus en plus de fournisseurs de voitures partagées. Afin d'accélérer le partage de voiture, il est nécessaire d'évoluer vers un système de voitures partagées interopérable. MaaS est l'outil idéal pour cela. Les autorités doivent veiller à ce qu’il soit possible de connecter un maximum de systèmes de voiture partagée à MaaS.
  • Récompensez les utilisateurs de voiture partagée. Instaurez une prime mensuelle pour les ménages sans voiture (de société). La proximité, le choix de la mobilité durable et du véhicule et des trajets partagés sont dès lors stimulés par la demande.

Encouragez les trajets partagés
Si chaque employé qui se rend au travail en voiture faisait du covoiturage une fois par semaine, il y aurait beaucoup moins d'embouteillages. Le covoiturage ou le trajet partagé est un mode de transport extrêmement efficace. Un plan solide s’avère nécessaire pour partager plus de trajets en Belgique. Le nouveau gouvernement devra formuler des objectifs clairs et établir un plan d'action définissant les moyens par lesquels les employés pourront partager plus fréquemment leurs trajets. Le covoiturage peut avoir le plus grand impact dans les trajets domicile-travail. La clé du succès est donc entre les mains des employeurs. Une entreprise ou un groupe d'entreprises peut faire appel à la masse critique pour partager des trajets. En outre, les entreprises peuvent encourager le covoiturage en offrant certaines mesures incitatives à leurs employés, comme un avantage fiscal ou de meilleures places de stationnement. Les autorités peuvent également jouer un rôle important dans l'augmentation du nombre de trajets partagés, par exemple par le biais de campagnes d'image : le covoiturage jouit d’une image dépassée et négative. Une campagne de sensibilisation peut améliorer cette image.

La voiture partagée, les trajets partagés et MAAS peuvent réduire le nombre de propriétaires de voitures. Le fait de ne pas avoir de voiture est un incitant de taille pour chercher en permanence la solution la plus efficace, qui doit également être l'option la plus durable.

En outre, cette transition est importante en vue de l'introduction de voitures autonomes, qui sont également les meilleures voitures partagées, de sorte que l'espace et la consommation d'énergie soient réduits au minimum.

Mettez en œuvre des Points Mob intelligents, non seulement dans les centres-villes ou à proximité, mais aussi dans les villages de la périphérie.

Les Points Mob de première génération sont en fait de mini-stations de correspondance locales entre différents modes de transport : à pied, vélo-route, voitures partagées, taxis, vélos partagés, trottinettes partagées, transports publics... Ils sont équipés de fonctions d'appui telles qu'atelier de réparation de vélos, parkings couverts, horeca, aires de co-working, etc.

Les Points Mob de deuxième génération seraient en mesure de répondre en temps réel à la demande de mobilité des utilisateurs grâce à l'utilisation de données intelligentes et seraient ainsi en mesure d'offrir une forme adaptée de transports publics personnalisés.

Nous pouvons nous concentrer principalement sur les voyages « planifiés » : école, travail, club sportif, ... L'objectif est de créer un système de demande et de gestion de transport personnalisé entre Points Mob, permettant à chacun d'indiquer quel trajet il souhaite effectuer et quand. Il est alors possible d’adapter une offre à un transport sur mesure à partir de cette « matrice de demandes » de trajets.

Le projet se prête parfaitement au crowdsourcing : si « une ligne » présente un potentiel de trajets suffisant, elle est créée ; si ce n’est pas encore le cas, vous pouvez utiliser les médias sociaux pour rechercher plus de personnes jusqu'à ce que la ligne soit rentable. Ceux qui participent au crowdsourcing sont remboursés en trajets lorsque la ligne est opérationnelle, tandis que les fournisseurs ont une garantie de revenus avant de commencer.

La mobilité à la demande est importante pour combler les lacunes du système de transports publics. Elle peut répondre à cette fraction de la demande et assurer ainsi la liaison avec les transports publics.

À Londres, il existe plusieurs exemples d'entreprises qui y travaillent (ou qui y ont travaillé). Une des plus importantes est celle qui propose l’app « citymapper ». C'est une app spectaculaire pour les transports publics. L’entreprise a demandé à TfL une licence d'exploitation pour ses propres bus, son app lui permettant de connaître les besoins de déplacements. ANYWAYS fabrique aussi des systèmes de planification d’itinéraires pour déplacements intermodaux (vélo - train - bus - vélo partagé - ...).